En
octobre 1812, piégé dans Moscou en flammes, Napoléon replie la
Grande Armée vers la France. Commence La retraite de Russie, l’une
des plus tragiques épopées de l’Histoire humaine.
La Retraite
est une course à la mort, une marche des fous, une échappée
d’enfer.
Deux
cents ans plus tard, je décide de répéter l’itinéraire de
l’armée agonisante, de ces cavaliers désarçonnés, de ces
fantassins squelettiques, de ces hommes à plumets qui avaient
préjugé de l’invincibilité de l’Aigle. Il ne s’agit pas
d’une commémoration (commémore-ton l’horreur ?), encore moins
d’une célébration, il s’agit de saluer par-delà les siècles,
ces Français de l’an XII aveuglés par le soleil corse et
fracassés sur les récifs du cauchemar.
Le
géographe Cédric Gras, le photographe Thomas Goisque et deux amis
russes, Vassili et Vitaly, sont de la partie. Pour l’aventure, nous
enfourchons des side-cars soviétiques de marque Oural. Ces
motocyclettes redéfinissent en permanence les lois élémentaires de
la mécanique. Rien ne saurait les arrêter (pas même leurs freins).
Notre escouade se compose de trois Oural, chargées ras la gueule de
pièces détachées et de livres d’Histoire.
Au
long de quatre mille kilomètres, en plein hiver, nous allons
dérouler le fil de la mémoire entre Moscou et Paris où l’Empereur
arrivera le 15 XII 1812, laissant derrière lui une armée en
lambeaux.
Sylvain Tesson est
un écrivain voyageur. Géographe de formation, il effectue en 1991
sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d'un tour du
monde à vélo avec Alexandre Poussin. C'est là, le début de sa vie
d'aventurier. Il traverse également les steppes d'Asie centrale à
cheval avec l'exploratrice Priscilla Telmon. Il publie alors
"L’immensité du monde". En 2004, il reprend l'itinéraire
des évadés du goulag et entame un périple qui l'emmène de la
Sibérie jusqu'en Inde à pied. En 2010, il vécu six mois en ermite
dans une cabane au bord du lac Baïkal. Cette expérience fabuleuse
est racontée dans un essai autobiographique intitulé "Dans les
forêts de Sibérie" (Gallimard).